Saturday, July 19, 2014

BEAUTÉ



        « La beauté́ sauvera le monde » dit le prince Mychkine dans le roman L’idiot de F. Dostoïevsky (1869). Et le théologien Sergueï Boulgakov de poursuivre: « Et l’art en est un instrument ». L’œuvre d’art participe en effet de la transfiguration du monde; elle pacifie les cœurs, les guérit. Elle apparaît donc comme une sorte d’acte créateur et recréateur. Le philosophe Nicolas Berdiaeff voit dans l’art comme l’annonce de la transfiguration universelle. Dans le roman précité́, le prince Mychkine traverse la société́ russe de son temps en tant que figure christique. Homme foncièrement bon et aimant, il débarque dans un milieu bourgeois artificiel et cor- rompu. Il va alors révéler ses contemporains à eux-mêmes. Il pardonne à ses amis leurs trahisons, car ils ne savent pas ce qu’ils font ; ils sont faibles. Telle est la vraie noblesse d’un tel prince qui ne possède plus rien. Ce qui compte, c’est la beauté́ intérieure, le cœur ouvert, capable d’accueillir l’autre, de mettre les hommes en communion les uns avec les autres. L’homme doit quitter son égoïsme, devenir un être de relation. Sous des apparences de faiblesse et de folie, Mychkine se révèle capable d’amour profond. Voilà la vraie beauté́, celle qui sauve le monde.

Jean-Claude  Crivelli
LA LITURGIE DOIT-ELLE ÊTRE BELLE ?