BEAUTÉ
« La beauté́
sauvera le monde » dit le prince Mychkine dans le roman L’idiot de F.
Dostoïevsky (1869). Et le théologien Sergueï Boulgakov de poursuivre: « Et
l’art en est un instrument ». L’œuvre d’art participe en effet de la
transfiguration du monde; elle pacifie les cœurs, les guérit. Elle apparaît
donc comme une sorte d’acte créateur et recréateur. Le philosophe Nicolas
Berdiaeff voit dans l’art comme l’annonce de la transfiguration universelle.
Dans le roman précité́, le prince Mychkine traverse la société́ russe de son
temps en tant que figure christique. Homme foncièrement bon et aimant, il débarque
dans un milieu bourgeois artificiel et cor- rompu. Il va alors révéler ses
contemporains à eux-mêmes. Il pardonne à ses amis leurs trahisons, car ils ne
savent pas ce qu’ils font ; ils sont faibles. Telle est la vraie noblesse d’un
tel prince qui ne possède plus rien. Ce qui compte, c’est la beauté́ intérieure,
le cœur ouvert, capable d’accueillir l’autre, de mettre les hommes en communion
les uns avec les autres. L’homme doit quitter son égoïsme, devenir un être de
relation. Sous des apparences de faiblesse et de folie, Mychkine se révèle
capable d’amour profond. Voilà la vraie beauté́, celle qui sauve le monde.
Jean-Claude Crivelli
LA LITURGIE
DOIT-ELLE ÊTRE BELLE ?